Habiter un théâtre
l'Acte 1 par Julia Vidit,
Le théâtre est l’un de ces rares lieux où il est possible de se réunir librement pour nous rencontrer, nous émouvoir et penser.
Arriver à la direction d’un théâtre en tant que metteuse en scène, c’est avoir la possibilité de penser une aventure créative, humaine et partagée, dans une maison.
À l’intérieur, une vingtaine de passionnés, sans compter, les techniciens et les intervenants artistiques qui oeuvrent tout au long de la saison. Avec nous, Thibaut
Fack, scénographe, Guillaume Cayet, auteur et dramaturge, pensent et rêvent ce nouveau chapitre qui s’ouvre. Fortuno Busca, collectif de graphistes, imagine au coeur du théâtre son identité visuelle. Marie-Sohna Condé, Étienne Guillot, Aurélien Labruyère, Véronique Mangenot, Janice Szczypawka sont les acteurs complices pour jouer au-dedans et au-dehors. Une constellation de créateurs et d’auteurs aussi étonnants que singuliers participeront à cette utopie collective, qui n’attend plus que vous, spectateurs et spectatrices !
Habiter un théâtre en tant que metteuse en scène, c’est faire résonner les mots et les problématiques contemporaines, faire de la scène un haut-parleur des bruits du monde, dans toute leur diversité. Nous cohabiterons en accompagnant les artistes dans leurs créations. Et nous accueillerons des formes originales qui s’adressent à tous.
Habiter un Centre Dramatique National, c’est aussi agir pour une décentralisation théâtrale d’aujourd’hui et réussir à faire de cette maison, une maison ouverte et mobile.
Pour favoriser des rencontres fortes entre artistes, auteurs et publics, nous placerons certaines créations à la périphérie et dans les territoires ruraux. Avec la complicité des collectivités, des partenaires culturels, associatifs et éducatifs, nous chercherons à habiter tout autour. Pour Quoi Faire ? de Marilyn Mattei, créé à Pagny-sur-Moselle en juillet dernier, est le premier spectacle né d’un processus de création participative avec les habitants.
Cette circulation d’oeuvres théâtrales portée par le Théâtre de la Manufacture est le fruit d’une nécessité particulièrement ressentie aujourd’hui : l’urgence d’occuper les espaces vides pour rassembler les vivants ! Rendez-vous dès septembre pour fêter ces spectacles itinérants lors du nouveau temps fort Micropolis.
Habiter un théâtre public, c’est aussi s’intéresser aux autres services publics et s’ouvrir aux autres métiers afin de faire émerger des questions communes, d’inventer de nouveaux langages et écrire des récits manquants. Nous le ferons concrètement dans nos Quartiers Libres.
Habiter un plateau de théâtre en tant que metteuse en scène, c’est pouvoir approfondir ses propres recherches. Depuis quelques années, je travaille à mettre en jeu le vertige : celui de notre quête effrénée de vérité. Quitte à mentir, quitte à
dire faux, il semble que nous cherchons à donner le change pour détenir une réponse à des questions trop grandes. Luigi Pirandello s’amuse de nos circonvolutions. Je vous propose de découvrir au printemps prochain sa comédie C’est comme ça (si vous voulez), jouée par une équipe de 9 acteurs.
Je termine cet édito en me tournant vers les enfants en âge de jouer avec les mots et les situations. Dès cette saison, nous nous adresserons aussi à vous, à vos parents,
et à vos grands-parents. Car si le théâtre est une affaire de communauté, il gagne aussi à être une affaire de famille.
Nous vous attendons bientôt avec l’appétit des retrouvailles !
Julia Vidit
