C’est la sortie !
Julia Vidit,
Je ne crois pas qu’il faille rentrer.
De toute urgence, il nous faut sortir ! Aller dehors, profiter du vent frais du matin ou du soir, du soleil de midi, tenir tête à la pluie qui, cette année, n’a pas l’air de vouloir jouer son rôle de rabat-joie de service.
Sortir d’un été 2024 curieusement renommé “ trêve ” par le Président de la République, c’est appréhender les mois à venir avec une énergie de reprise ! Celle du combat ?
Dès que je mets le nez dehors, je vais mieux. Même si j’assiste trop souvent à des scènes d’injustices et de misère, même si je fais parfois l’expérience de désaccords profonds avec des concitoyens, même si ma situation privilégiée pourrait me permettre de m’extraire dans un monde replié sur lui-même : je sors. Et ça fait un bien fou.
Instabilité politique ? Je sors d’autant plus !
Septembre est la période idéale pour reconsidérer cette nouvelle année scolaire aux allures de boîte, dans laquelle nous devrions, je ne sais pas pourquoi, rentrer. Une boîte qui semble nous obliger à nous plier en douze pendant de longs mois et à accuser les nombreux coups de contraintes exigeantes. Drôle de boîte, sacré dispositif que celui qui s’impose avec son petit goût de fin août ! Balèze à contourner ! Si je rentre dans le rang comme tous les écoliers et écolières de France et de Navarre, eh bien je tournerai la tête vers les côtés pour y faire passer du souffle, peut-être même de la voix, parler, hurler ou chanter. Je ralentirai pour créer de l’écart entre les cases, pouvoir marcher de biais et oser dire par-dessus le quadrillage.
Chères spectatrices, chers spectateurs, sachez que vous ne rentrerez pas au théâtre.
Au mieux, et je l’espère vivement : vous viendrez au théâtre.
Cette sortie sera toujours comme une première fois. Vous ne saurez pas ce qui vous y attend : une aventure physique, un choc d’idées, une vision troublante. Toujours entourés par d’autres, assoiffés d’espaces dans lesquels un vent d’humanité peut souffler fort. Vous ferez bouger des lignes droites, vous sortirez de l’espace-temps imposé et mal en point pour faire une bifurcation. Vous vous offrirez du paysage, du corps, du langage. Vous sortirez pour venir là où l’inappropriable est le maître des lieux.
Je rêve qu’il n’y ait plus de rentrée ni de sortie : simplement une vie en commun où il est possible pour chacune, chacun d’être avec soi et les autres et à son rythme. Point de trêve pour toucher cette utopie.
Rejoignez-nous, il fait bon être plusieurs pour y croire.
A tantôt !
Julia Vidit